Entreprise FEMER. Rencontre avec Marielle Philip, tanneuse tendance !

Focus    3 mai 2019
Femer - tannage de poisson

Si vous allez en Gironde, passez donc sur le port de la Teste-de-Buch où Marielle Philip a installé son atelier de tannage de peaux de poisson, première peausserie de peau marine sur le bassin d’Arcachon. Vous y découvrirez des matières, des couleurs, des produits originaux et un savoir-faire unique ! Entretien avec Marielle Philip.

Femer - tannage de poisson

Tanneur de peaux de poisson est un métier hors norme et très innovant. Comment est né votre projet ?

Tout est parti d’un voyage de ma mère en Laponie qui a découvert sur place le cuir de poisson !
À l’époque, j’étais jeune et avais d’autres préoccupations. Par la suite, après mon Master, je ne trouvais pas de travail à la sortie de ma formation en 2011 et j’ai donc repensé aux peaux de poissons. J’ai commencé à comptabiliser le nombre de peaux jetées en Aquitaine et me suis rendu compte que le nombre était énorme ! Mon projet était né : faire une filière d’économie circulaire autour du cuir poisson et proposer un cuir ayant une texture exotique mais issu de l’agroalimentaire.
Tout le projet est né de cette idée ainsi que de ma volonté de travailler dans l’environnement.

Quelles sont les valeurs de FEMER ? Peut-on parler d’économie circulaire ?

Économie circulaire signifie qu’on va valoriser le déchet du poissonnier.
C’est bien de faire de l’économie responsable mais si après on utilise un procédé qui pollue, ce ne vaut pas la peine. FEMER c’est la volonté de faire quelque chose d’éco-responsable sur toute la filière avec notamment le tannage. Le tannage est un 100% végétal à partir de plantes qui sont 100% invasive dans la nature.

Comment et auprès de qui collectez-vous vos peaux de poissons ?

Femer - tannage de poisson - couleurs

Je travaille avec plusieurs fournisseurs en fonction des espèces. Cela peut être un petit poisson-nier local ou un industriel agro-alimentaire ou parfois des personnes qui fabriquent des sushis.
Certains donnent les peaux considérant qu’ils allaient les jeter et ne rien en faire. Ils sont plutôt satisfaits qu’elles soient valorisées. Ce sont ceux qui ont une démarche éco-responsable.
D’autres fournisseurs les vendent considérant qu’il s’agit d’une ressource économique pour nos déchets. La majorité des industriels me mettent à disposition la marchandise car ils trouvent que la démarche est intéressante.

Avec quelles peaux préférez-vous travailler ? Chaque poisson a-t-il ses spécificités ?

Non, je n’ai pas de peaux de prédilection, je travaille plutôt en fonction des clients.
Il n’existe pas de peaux plus solides que d’autres pour le tannage. Pour la couture, c’est différent mais ce n’est plus de mon ressort.

Expliquez-nous quelles sont les principales étapes de votre métier ?

  • La récupération des peaux
  • Le travail des peaux avant tannage : il faut les nettoyer en enlevant les écailles et les résidus de chairs
  • L’étape suivante est le tannage. Le tannage est un bain dans lequel on met les peaux crues avec les tannins qui sont des broyages de plantes invasives. L’ensemble constitue une sorte de potion magique qui va interagir avec les peaux pendant une semaine. Ensuite, on obtient un cuir.
  • Puis on va le colorer.
  • On doit ensuite lui donner une texture, un toucher.
  • Pour la commercialisation, cela se passe par internet.

Femer - tannage de poisson

Les couleurs sont-elles naturelles ?

Tout dépend des teintes. J’utilise uniquement des pigments sans sels métalliques qui posent problème au niveau de l’environnement et de la santé humaine.

Fabriquez-vous des produits ?

Nous avons deux gammes de produits. Une gamme de sacs en partenariat avec un maroquinier dans le Limousin qu’on peut trouver sur notre site internet. Il s’agit d’un mixte de cuir et cuir de poisson.
Nous fabriquons aussi des sandales appelées les « Pylataises », fabriquées en France.

Qui vous achète les peaux ?

Cela peut être un petit artisan qui fabrique des bijoux ou qui fait de la maroquinerie. Nous avons également des projets de R&D avec des entreprises plus grosses dont je ne peux dévoiler les noms.

Comment apprend-on le métier de tanneur ?

Femer - tannage de poisson

Ma mère s’est formée en Laponie parce qu’elle avait une amie qui habitait sur place. La pratique s’était complètement perdue et les petits-enfants ont repris le flambeau en lisant les livres sur les pratiques de leur grands-parents.
À partir de là, j’ai fait beaucoup de recherches, pris de nombreux renseignements auprès de laboratoires, de tanneries. Au final, j’ai mis 3 ans pour finaliser le procédé que j’ai aujourd’hui !

Il existe une école d’ingénieur en France. La plupart du temps, les tanneurs expliquent qu’ils ont appris la technique via leurs grands-parents. La transmission est très importante pour ce métier. Puis il faut s’approprier la technique et c’est en faisant qu’on apprend !

 

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